PATRIMOINE ET MÉMOIRE DE GUYANE, VOYAGEZ À TRAVERS LE TEMPS
A mi-chemin entre tragédie et roman d’aventure, l’histoire de la Guyane s’est construite avec les hommes et des femmes qui y vivaient depuis les temps les plus reculés, avec ceux qui l’ont conquise et avec ceux qui s’y sont réfugiés.
C’est une histoire bouleversante qui s’égrène sur les visages de ses habitants, les façades de ses bâtiments et au détour d’une clairière dans la forêt. Recouvertes par une végétation omniprésente, les marques de l’histoire guyanaise s’offrent à ceux qui prennent la peine de regarder.
S'intéresser au patrimoine et à la mémoire est une occasion de découvrir autrement la guyane à travers ses vestiges, ses lieux historiques, son architecture ou encore ses musées.
BIEN AVANT LA COLONISATION
L’histoire de la Guyane commence bien avant la découverte des Amériques par les Européens, elle remonte à plus de 5000 ans avant notre ère. Guyane signifie « terre d'eaux abondantes » en langue Arawak, baptisée ainsi par les Amérindiens qui se sont installés sur son littoral au IIIème siècle, bien avant l’arrivée de Christophe Colomb.
De fabuleux vestiges datant de la période précolombienne, comme des polissoirs, des gravures, des poteries ainsi que d’autres objets archéologiques peuvent être observés sur différents sites.
Mais ce sont surtout les nombreux villages amérindiens, qui contribuent à pérenniser et transmettre les traditions ancestrales aux nouvelles générations et au monde.
LA COLONISATION : QUAND L'EUROPE FAÇONNE L'AMÉRIQUE
La Guyane a été découverte vers 1500 par un Français, Vincent Pinson. Cent ans plus tard, un début de colonisation est entamé, mais Espagnols, Anglais et Hollandais, avides de trouver de l’or, se disputent ce territoire.
Les Français ne s’installent définitivement en Guyane qu’à la fin du XVIIe siècle. L’architecture des villes comme Cayenne, Kourou, Saint-Laurent du Maroni, témoigne de cette longue période de colonisation.
A Cayenne, la Cathédrale Saint-Sauveur, la place des Palmistes devenue lieu de fêtes et d’animations, les bâtiments administratifs ou encore les maisons créoles aux couleurs vives, sont autant de témoins des différentes époques et des différents colons.
Un programme de restauration de l’hôpital historique de Cayenne est en cours. Il est destiné à devenir la « maison des cultures et des mémoires de la Guyane Jean-Martial » qui ouvrira ses portes en 2022.
L'ESCLAVAGE EN GUYANE
La Guyane garde les traces de l’une des périodes les plus sombres de l’humanité. Dès le XVIème siècle, n’arrivant pas à asservir les Amérindiens, les colons européens déportent des millions d’Africains vers les Amériques afin de développer la région, exploiter le sous-sol et accroître les plantations.
De ces plantations, il ne reste que des ruines pour témoigner de ce douloureux épisode historique. A deux pas de Cayenne, dans la commune de Rémire-Montjoly, vous pouvez visiter l’habitation Vidal Mondélice, une exploitation agricole coloniale qui employait 300 esclaves.
On y trouve également l’habitation Loyola, administrée par des religieux, elle occupait une place centrale dans la vie économique guyanaise du XVIIème siècle avec ses 1000 hectares et ses 500 esclaves.
La période de l’esclavage a modifié en profondeur la structure sociale de la Guyane. Les esclaves étaient bien plus nombreux que les colons, ils sont ainsi devenus la communauté la plus importante du territoire.
LE MARRONNAGE, RÉSISTANCE ET RENAISSANCE DE l'AFRIQUE EN AMAZONIE
Les esclaves basés en Guyane hollandaise (Surinam actuel) n’ont pas attendu l’abolition de l’esclavage en 1848 pour briser leurs chaînes, ils ont pratiqué le marronnage. C’est le terme utilisé pour exprimer la fuite des esclaves et auxquels il donne aussi son nom : marrons ou nègres marrons.
Installés dès 1776 du côté français du fleuve frontalier, le Maroni, les nègres marrons élisent domicile dans des zones reculées et difficiles d’accès. Vivant à l’écart du reste de la population, ils ont ainsi pu reconstituer leurs communautés originales et conserver leurs langues et coutumes africaines jusqu’à nos jours. Appelés aujourd’hui Bushinengués, ils représentent environ un tiers de la population guyanaise.
Découvrez leur culture et leurs traditions en visitant les différents villages sur le fleuve Maroni ou à Kourou.
Extrait de danse Bushinengue (Clip de Rickman G-Crew / Je suis un boni)
LES BAGNES : L'ENFER AU PARADIS
La Guyane garde les traces d’une autre période sombre de son histoire : le bagne. Installé en 1852, sous le Second Empire, cet ensemble de camps et de pénitenciers entendait répondre au manque de main d’oeuvre faisant suite à l’abolition de l’esclavage.
En près de 100 ans d’existence, plus de 70 000 détenus sont passés par la trentaine d’établissements du bagne de Guyane. Beaucoup de ces détenus y ont laissé la vie à cause de maladies et de mauvais traitements, certains sont passés à la postérité, comme Alfred Dreyfus, Guillaume Seznec ou Henri Charrière dit Papillon.
C’est notamment grâce aux articles rédigés par le célèbre journaliste Albert Londres, pour qui « Les Français ont mis l’enfer au Paradis », que ce triste épisode a pris fin.
Une fois fermés, à la fin de seconde guerre mondiale, les bagnes sont progressivement tombés en ruines. Aujourd’hui, ils sont classés monuments historiques et leurs vestiges peuvent se visiter.
La Ville de Saint Laurent du Maroni a été construite par les bagnards et on peut encore y voir des bâtiments d’époque comme le Quartier Officiel surnommé « Petit Paris » ou les ruines des bâtiments carcéraux.
Les Îles du Salut, quant à elles, sont devenues depuis quelques années l’un des sites touristiques les plus fréquentés de Guyane.
On peut y séjourner dans les maisons qui servaient de résidence aux gardiens du pénitencier de l’Île Royale. Mais s’il ne reste pas grand-chose de l'enfer carcéral, les vestiges sont encore là pour nous rappeler cette page peu glorieuse de l’histoire de France.
UNE POPULATION ARC-EN-CIEL
Avec la colonisation, des populations venues d’Europe et d’Afrique sont entrées en collision avec les peuples autochtones, c’est ainsi qu’a été façonnée la société créole au 19e siècle. Sont ensuite venus d’autres peuples - chinois, libanais, haïtiens, hmongs, sud-américains et antillais – tout au long du 20e siècle par différentes vagues d’immigration.
Cela fait de la Guyane une véritable « nation arc-en-ciel » pour reprendre l’expression de l'archevêque Desmond Tutu.
Découvrez une culture métissée où les traditions cohabitent dans un gai mélange de musiques, de danses, d’artisanat et de cuisines.
MANIFESTATIONS ET ÉVÈNEMENTS*
Tout au long de l’année, des évènements sont organisés sur l’ensemble du territoire pour commémorer ou valoriser le patrimoine et l’histoire de la Guyane.
- 22 janvier : Hommage à Léon Gontran Damas, poète et homme politique, co-fondateur du mouvement de la négritude avec Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor
- 19 mai : Nuit Européenne des Musées
- 4-8 juin : Journée Internationale des archives
- 10 juin : Commémoration de l'abolition de l'esclavage du 10 juin 1848
- Fin juin : Journées européennes de l'archéologie
- Fin juillet : Nuit du SANPULA à Awala-Yalimapo, une nuit de musique et de danses autour du tambour traditionnel Kalin'a
- 21 juillet : Histoire et mémoire de Gaston Monnerville, homme politique et résistant pendant la seconde guerre mondiale
- 9 août : Journée des peuples autochtones
- 14-16 septembre : Journées Européennes du Patrimoine
- Début octobre : Pangi Uman Festi à Maripasoula, les plus belles femmes de la vallée du Maroni défilent parées de leurs plus beaux pangi (habit traditionnel bushinengué)
- Entre octobre et décembre : Nouvel an Hmong à Cacao
- Décembre : Jeux Kali'na à Awala-Yalimapo, épreuves sportives et culturelles issues des pratiques traditionnelles amérindiennes
* liste non exhaustive et susceptible de modification ou d’annulation